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Après la nuit (Monsters)

de Marius Olteanu



Roumanie, 2018, 1h50
avec Judith State, Cristian Popa, Alexandru Potocean

Après la nuit
Après la nuit
Dana et Arthur, la quarantaine, sont mariés depuis près de dix ans. Mais quelque chose s’est fissuré, à cause de leurs besoins, de leurs croyances, de ce que la vie leur offre, de leurs démons intimes. Un jour, ils devront décider si laisser partir l’autre n’est finalement pas la plus grande des preuves d’amour.
Votre film est un drame très sérieux mais il comporte aussi ses moments de comédie. Comment avez-vous équilibré ces différents tons durant l’écriture du scénario ?

Je pense que la vie elle-même est un étrange mélange d’absurdité, de drame et de comédie. La plupart du temps, il n’y a pas de logique dans la succession de ces trois éléments. Être fidèle à la réalité de la vie était déjà un point de départ. L’équilibre entre la comédie et le drame est d’abord venu du besoin de montrer des personnages authentiques à l’écran et pas seulement des idées ou des thèmes : des gens. Des gens intelligents qui ont la possibilité de prendre du recul de temps en temps pour réfléchir à leur existence, des gens dont le combat est d’essayer de devenir de meilleures versions d’eux-mêmes. Parfois, ce combat s’exprime à travers le drame, et parfois à travers la comédie. Les gens en général constituent un drôle de drame.

Comment avez-vous abordé le traitement visuel de Monsters. avec votre directeur de la photographie Luchian Ciobanu ?

Luchian est probablement mon meilleur et plus ancien partenaire sur ce projet et je lui suis extrêmement reconnaissant pour ce que nous partageons depuis ces six dernières années. Nous avons commencé à travailler ensemble sur mon court métrage Tie, qui a posé les jalons de Monsters..  On s’entend très bien en tant qu’amis ce qui d’un point de vue professionnel aide forcément, dans le sens où l’honnêteté et l’engagement étaient les piliers de notre collaboration sur ce projet. Nous avons eu de longues discussions au sujet du style visuel du film, avant même que le scénario ne soit finalisé. Nous avons vu de nombreux films ensemble, nous avons discuté de leur approche visuelle et avons réfléchi à des liens avec notre film. À la fin, nous avons établi certains points qui ont constitué comme une bible visuelle de Monsters.. C’était vraiment important pour nous de garder les personnages au centre, que le cadre, les mouvements de caméra, la lumière soient une expression de ce qu’ils ressentent ; et en même temps il fallait être vigilant pour ne pas trop répéter quelque chose que nous ou d’autres auraient déjà essayé de faire. Tenter de trouver des moyens d’expression visuelle inédits est resté notre idée fixe pendant tout le tournage.  

C’est ainsi que nous sommes arrivés à cette décision de tourner les deux premières parties avec ce format carré – son sentiment de claustrophobie,  d’inconnu, de peur et cette question subliminale : « qu’est-ce qui est hors du cadre et que je ne vois pas ? ». Cela permettait aussi, dans la troisième partie, d’associer ces deux cadres carrés ensemble et d’avoir le couple en une seule image – beaucoup de choses sont exprimées à travers le choix du format. Nous avions conscience avant le début du tournage de la possible comparaison avec Mommy de Xavier Dolan, qui est un film que j’adore, mais nous avions la conviction que dans Monsters., le choix du format et de son changement avait un sens totalement différent. Le Cinemascope n’exprime jamais un sentiment de liberté dans Monsters.. Et, sur une note plus légère, je dirais que dans une ville aussi dingue et peuplée que Bucarest, le format carré a très souvent été comme une bénédiction.

Entretien avec Marius Olteanu (Nicolas Bardot, Le Polyester)



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