Blanche-Neige et les sept nains

de David Hand, William Cottrell, Wilfred Jackson, Larry Morey, Perce Pearce & Ben Sharpsteen



 

Etats-Unis, 1937, 1h23, VF
À partir de 5 ans


Blanche-Neige et les sept nains

Dans un royaume imaginaire, une méchante reine apprend par son miroir magique qu'elle n'est pas la plus belle du pays, mais que ce titre revient à la jeune et pure Blanche-Neige. La reine ordonne à un chasseur de l'emmener en forêt pour l'assassiner mais, tiraillé par ses scrupules, celui-ci ne parvient pas à tuer la jeune fille. Blanche-Neige s'enfuit alors dans les bois pour se réfugier dans une chaumière où résident sept nains, aussi maladroits qu'attachants...
 

Sorti en décembre 1937 aux Etats-Unis, Blanche-Neige et les sept nains est aujourd'hui universellement considéré comme un classique du dessin animé, puisqu'il s'agit du premier long métrage d'animation sonore et en couleurs de l'histoire du cinéma. Mais ce serait oublier que ce projet de film repose sur un double pari, à la fois technique et commercial. En effet, lorsque Walt Disney, alors à la tête du studio homonyme qu'il a fondé avec son frère dix ans plus tôt, annonce en 1934 qu'il va réaliser un long métrage d'animation, personne à Hollywood ne croit dans son projet, sa faisabilité ou son possible succès commercial. Il faudra à Disney trois ans de travail et le recrutement et la formation de près de 300 nouveaux animateurs pour mener à bien son entreprise. Lorsque le film sort et rencontre le succès, c'est une divine surprise pour le studio, qui gagne d'un seul coup en importance, posant les bases d'un empire qui n'a cessé de s'étendre jusqu'à aujourd'hui.

Mais le succès du film n'est pas uniquement du à la réussite du double défi que s'était lancé Disney. Il tient aussi aux choix qui ont permis l'adaptation de l'histoire relatée par les Frères Grimm en film. En effet, le scénario, s'il conserve l'intrigue principale du conte, est marqué par de nombreux raccourcis qui recentrent la narration autour du personnage de Blanche-Neige : ainsi, les origines royales de la jeune fille, tout comme les multiples tentatives de la reine pour l'assassiner (corset étouffant, peigne empoisonné), sont abandonnées pour laisser une plus grande place à la relation entre l'héroïne et les sept nains, figures d'adultes se comportant comme des enfants et dont Blanche-Neige serait la mère symbolique. L'autre grande modification concerne le texte lui-même, la prose des frères Grimm devenant des dialogues en vers entrecoupés de chansons, dont certaines resteront dans les mémoires, à l'image de Siffler en travaillant ou de Un Jour mon prince viendra. Disney utilise enfin le conte pour poser les bases d'une certaine manière de raconter les histoires : une dimension manichéenne appuyée, symbolisée par l'opposition entre Blanche-Neige et la méchante reine ; le rôle essentiel joué par les figures animales (bêtes de la forêt qui accompagnent Blanche-Neige, corbeau domestiqué de la méchante reine), dont la psychologie épouse celle des personnages humains auxquels ils sont associés ; enfin, le goût pour les ruptures de ton, le film naviguant entre comédie et mélodrame, en passant par des scènes dignes d'un film d'épouvante tels que la traversée de la forêt par Blanche-Neige ou la transformation de la reine en vieille marchande.
 
Au delà de son scénario, le film apparaît aussi comme une sorte de manifeste du « style Disney », qui situe ses intrigues dans des univers semi-réalistes présentant un monde européen fantasmé, rempli de châteaux aux tours élancées et de forêts dissimulant de charmantes chaumières à colombages. Ce réel féerique est magnifié par un important travail sur la lumière et la couleur qui bénéficie de l'usage du procédé de colorisation Technicolor, encore rare à l'époque car très coûteux. En appliquant à un film d'animation cette technique jusque là réservée aux films hollywoodiens à gros budget, Disney offre à son projet une solide "production value" renforcée par la qualité des dessins et de l'animation, faisant ainsi passer le dessin animé de divertissement pour enfants à celui d’œuvre d'art. L'influence de Blanche Neige est telle qu'elle se ressent encore aujourd'hui, non seulement dans les productions Disney mais également dans les films en prise de vues réelles, qu'il s'agisse d'autres adaptations de Blanche-Neige ou plus généralement du cinéma de fantasy.

Erwan Cadoret, extrait du livret d'accompagnement de la programmation 2019-2020 : Contes et Légendes


Archives Départementales de Loire-Atlantique - Contes et Légendes
Ce film est programmé en partenariat avec les Archives Départementales de Loire-Atlantique autour de leur exposition Contes et Légendes :
> Contes et Légendes : livret d'accompagnement de l'exposition (PDF)
> Contes et Légendes : livret de la programmation cinéma (PDF)



Séances