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Braguino

de Clément Cogitore



France, 2017, 0h50, documentaire

Braguino
Braguino
Au milieu de la taïga sibérienne, à 700 km du moindre village, se sont installées 2 familles, les Braguine et les Kiline. Aucune route ne mène là-bas. Seul un long voyage sur le fleuve Ienissei en bateau, puis en hélicoptère, permet de rejoindre Braguino. Elles y vivent en autarcie, selon leurs propres règles et principes. Au milieu du village : une barrière. Les deux familles refusent de se parler. Sur une île du fleuve, une autre communauté se construit : celle des enfants. Libre, imprévisible, farouche.  Entre la crainte de l’autre, des bêtes sauvages, et la joie offerte par l’immensité de la forêt, se joue ici un conte cruel dans lequel la tension et la peur dessinent la géographie d’un conflit ancestral.
 
Certaines scènes sont écrites, d’autres soumises au hasard et à la bonne étoile : tombe alors la tête d’un ours décapité, les pattes du mammifère finissent en charentaises artisanales. Les enfants des familles rivales se rencontrent sur un ilôt de sable dans une parade piquée de défiance silencieuse. On se demande à quel chorégraphe ces belles âmes - gibiers ou marmailles - ont-ils pu avoir à faire. La bonne étoile du jeune vidéaste a des allures de météore qui creuse un ample cratère vers la fiction. Une dramaturgie faite de péripéties fortuites apporte ce qu’il faut d’action et d’onirisme, outrepassant la simple démarche documentaire, un pari risqué qui aurait pu l’amener à ne filmer que des kilomètres de nuit, d’austérité et de poissons pêchés. On pourrait croire que l’homme tire d’invisibles fils pour provoquer les événements, mais loin d’être un Méliès, il admet d’une habile révérence sa part de chance après des jours d’attente et de temps morts. Le vidéaste monte consciencieusement les séquences et intensifie la simple capture du quotidien en un poème aux effluves ésotériques.

Jérémy Piette, Libération


Séances

Ce film a été programmé en 2018 dans le cinéma associatif suivant :
• Nantes, Le Cinématographe