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Farrebique

de Georges Rouquier



France, 1976, 1h40, documentaire

Farrebique
Farrebique
La ferme des Farrebique, près de Goutrens, dans le Rouergue. C'est l'automne. Le grand-père, qui règne encore en maître, propose à la famille d'agrandir la maison au printemps. Faut-il installer l'électricité ? Les avis sont partagés. Le froid arrive, et avec lui les longues veillées d'hiver. Le grand-père évoque les ancêtres, le passé de la ferme. On fabrique le pain. Revient le printemps. Les jeunes filles rêvent. Les jours s'envolent, les amours avec, seules les traditions tiennent bon. Dans la famille, Roch, le fils aîné, s'oppose aux idées modernes d'Henri, son cadet. Puis la femme de Roch met au monde un cinquième enfant...
 
Non, ne cherchez pas les sous-titres de la version multilingue, ils n'existent pas ! Ce qu'on entend, c'est le patois aveyronnais que les paysans utilisaient encore comme langue maternelle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C'est seulement lorsqu'ils s'adressent aux plus jeunes qu'ils font l'effort d'utiliser le français des livres d'école. On sent bien que, dans deux générations, cette langue locale aura disparu. En posant ses caméras pendant un an dans une ferme du Rouergue, Georges Rouquier a enregistré, au fil des saisons, la lente et douce fin d'un monde. Son film a, aujourd'hui, valeur de document historique. Il apporte quelques éléments de fiction : on assiste alors à l'arrivée de l'électricité (réclamée par les femmes, surtout !), à la naissance du petit cinquième, à la mort de l'ancien, au partage de l'héritage autour de la table familiale (selon la coutume, la ferme et les terres reviennent à l'aîné des fils, et le notaire doit ruser entre la loi et la tradition).
Influencé par les films de Flaherty, Painlevé et Vigo, Georges Rouquier tient à ce que son film soit l'« expression cinématographique de la vérité » et s'attarde sur les gestes du quotidien, au plus près de la nature et des animaux. Ses images en noir et blanc sont magnifiques — mais la musique, hélas, assourdissante. Quarante ans plus tard, il reviendra dans la ferme pour tourner Biquefarre, le deuxième volet de son diptyque paysan, de son ode à la terre chargée de nostalgie et d'amour mais sans aucune complaisance. [...]

Anne Dessuant, Telerama


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