Menu

L'Innocent

de Louis Garrel



France, 2022, 1h39
avec Roschdy Zem, Anouk Grinberg, Noémie Merlant

L'Innocent
L'Innocent
Quand Abel apprend que sa mère Sylvie, la soixantaine, est sur le point de se marier avec un homme en prison, il panique. Épaulé par Clémence, sa meilleure amie, il va tout faire pour essayer de la protéger. Mais la rencontre avec Michel, son nouveau beau-père, pourrait bien offrir à Abel de nouvelles perspectives…
 
Qui est l’innocent du titre ?
Au départ, c’est le personnage de Roschdy Zem et ensuite, c’est le mien. D’une certaine manière, quand on commet un délit pour des raisons nobles, on est un peu innocent. Ce qui, j’en conviens, n’est pas très moral au regard de la loi. C’est la fameuse phrase prononcée dans La Règle du Jeu de Jean Renoir, « Ce qui est terrible sur cette terre, c’est que tout le monde a ses raisons ». J’ai hésité au début à donner au personnage du beau-père un passé criminel avant de renoncer très vite. J’avais d’ailleurs un conseiller technique pour tout cela.

Un conseiller technique ? C’est-à-dire ?
Un ancien voyou avec qui j’échangeais, Jean-Claude Pautot, qui joue dans le film celui qui dirige la répétition de la scène de ménage avec Noémie Merlant et moi en vue du braquage. C’est le complice de Roschdy dans le film, pas un acteur mais un ancien détenu qui a fait 25 ans de prison. Je le trouvais tellement formidable que je voulais lui donner un rôle. Je lui fais lire le scénario, je lui raconte l’histoire du personnage de Roschdy, qui est trahi à la fin par son meilleur ami. Alors il me dit : « Il trahit son ami ? Laisse tomber amigo, je ne le ferai jamais ça ! J’ai travaillé toute ma vie pour être un homme de confiance, ce n’est pas maintenant que je vais tout bousiller. ». Il a fait une confusion, que je trouve très belle, entre le rôle qu’il va jouer et la perception qu’on va avoir de lui dans le milieu. J’ai sorti le grand jeu, Shakespeare, les traîtres pour un acteur sont les meilleurs personnages à jouer.

Avec Jean-Claude Pautot, on a conçu une maquette du décor du casse afin de répéter la scène avec ses amis, des anciens truands, selon la configuration des lieux, avec l’emplacement du camion et la vitre du restaurant afin que tout cela soit crédible. Je les ai filmés pendant une heure à répéter la scène autour de la maquette du décor. C’était très amusant de les observer, de les voir vivre cela comme s’ils y étaient vraiment, en pleine préparation d’un casse, à se chamailler sur la méthode, les rôles de chacun. Au bout du compte, je réalise que si je tiens compte de leurs indications en voulant être réaliste, je ne parviendrai pas à filmer la scène. Vient un moment, pour ce qui est de la perception de la scène, de la dilatation du temps, du montage alterné avec la règle du « pendant ce temps », le réalisme empêche le cinéma. Cela a été une séance de travail passionnante, un passage nécessaire pour arriver au final à une géométrie de cinéma.

Le dernier plan du film est très beau ...
L’aquarium... Le caviar chez les pingouins, ce qui est plausible, pour la bonne conservation du produit, et insolite. C’est un peu la leçon Hitchcock, le sens du raccourci visuel, installer une situation à partir d’une image qu’on saisit sans avoir à fournir d’explication

Entretien avec le réalisateur, extrait du dossier de presse



Séances

Cinéma Eden 3, Ancenis
Jeudi 15 septembre 2022, 20:30 • avant-première