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Le Château de l'Araignée

de Akira Kurosawa




Japon, 1957, 1h50, VOSTF
avec Toshirô Mifune, Takashi Shimura, Chieko Naniwa

Le Château de l'araignée
Le Château de l'araignée
Dans le Japon féodal, les généraux Washizu et Miki se perdent dans la forêt et rencontrent une sorcière qui leur annoncent leur destinée : Washizu deviendra seigneur du château de l’Araignée, mais ce sera le fils de Miki qui lui succèdera. Rencontre entre Macbeth et la mise du théâtre nô, Le Château de l’araignée est l’un des sommets d’Akira Kurosawa et du jidaï-geki (film historique), porté par le jeu outré de Toshirô Mifune. "Le Château de l’araignée est donc l’un des films de Kurosawa les plus tournés vers l’épure. Avare en mouvements de caméras à de rares exceptions, dont un magnifique travelling précédant Mifune lorsque celui-ci entendra la première confirmation de la réalité de la prophétie, le film préfère enfermer ses personnages dans des cadres fixes, géométriquement définis aux décors minimalistes, évoquant là encore une scène de théâtre Nô, dans lequel les personnages sont ou bien immobiles, ou s’agitent comme des insectes, tel le général Washizu – l’image reste valide jusque dans sa fin dramatique où il semble punaisé contre la cloison par les épingles d’un collectionneur, avant de disparaître à nouveau dans les brumes.

"La vie est une histoire racontée par un fou et qui ne signifie rien". En dépit de la stylisation poussée à l’extrême, Kurosawa rend ses protagonistes sans doute plus humains que ceux de la pièce d’origine : là où Macbeth était un seigneur de guerre d’exception, Washizu est un militaire ordinaire, guère plus dévoré par l’ambition qu’un autre. De même, là où Lady Macbeth provoquait son mari pour le manipuler, Asaji se contente d’évoquer des éventualités afin de le faire agir dans son sens. Mais le résultat ne diffère guère, et le destin s’abattra néanmoins sur les criminels, annoncé par des images à la force insoupçonnée, telle l’envolée d’oiseaux chassés de la forêt vers le château. Fascinant mélange de fusion réussie entre deux cultures, Le Château de l’Araignée est une œuvre phare dans la filmographie de Kurosawa ; il s’agit d’une part d’un aboutissement esthétique dans sa période noir et blanc – il atteindra l’équivalent en couleurs dans Kagemusha et Ran -, une splendeur visuelle tirant sa force de l’austérité. D’autre part, c’est justement de cette représentation ascétique des passions et de la folie du pouvoir que naît une forme d’horreur tranquille, une représentation clinique de la barbarie."
Franck Suzanne, DVDClassik