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Le Lauréat

de Mike Nichols



USA, 1967, 1h46, VOSTF
avec Dustin Hoffman, Anne Bancroft, Katharine Ross

Le Lauréat
Le Lauréat
Benjamin Braddock vient d’achever ses études couvert de diplômes. Au cours d’une réception organisée par ses parents, il rencontre Mme Robinson, une amie de ces derniers. Elle séduit le jeune homme, lui faisant découvrir les plaisirs de l’amour. Les parents de Benjamin, qui ignorent tout de cette relation, incitent bientôt leur fils à sortir avec Elaine, la fille des Robinson. Réticent au début, il s’attache rapidement à l'étudiante…
En 1967, avec Le Lauréat, Mike Nichols offrait au Nouvel Hollywood l’un de ses premiers films notables en racontant l’éducation sentimentale chaotique d’un jeune homme brillant. Le public américain se passionnait pour le destin de Benjamin Braddock, dilettante et anticonformiste, au gré des chansons composées par Simon and Garfunkel. Dustin Hoffman, auquel le film a ouvert les portes d’une carrière glorieuse, compose un personnage dont l’hébétude confine au burlesque, répondant aux injonctions parentales par l’apathie puis l’énergie du désespoir. Dans un entre-deux permanent, s’inventant des identités, Benjamin évolue dans un monde trop contraignant pour lui, que la mise en scène tout en élargissements soudains du cadre et en moments de suspension révèle avec éclat.

Nicolas Thévenin

Pied-de-nez au classicisme hollywoodien, Le Lauréat détourne à la fois les étapes dramatiques classiques (la rencontre, le quiproquo, le départ, les retrouvailles) et les symboles sociaux les plus marqués (notamment dans l’utilisation grotesque de la figure christique finale) pour mener ses personnages vers un ailleurs bien moins rose qu’il n’y paraît. Mike Nichols ne s’est pas fait ici le porte-drapeau d’une génération qui devait gagner, qui devait changer le monde ; mais dépeint une génération qui, faute de pouvoir changer ce monde, préfère s’en construire un autre, plus instable, presque nostalgique, dans lequel la sortie de l’enfance est effectivement libératrice, et un tantinet douloureuse. À l’image du dernier plan du film, absolument magnifique dans les tressautements du cadre et les expressions nuancées des deux nouveaux êtres, Helen et Ben entrent dans la vie. Pour aller où ? Mike Nichols ne répondra pas à la question, préférant de très loin laisser ces petits représentants générationnels grandir seuls.

Ariane Beauvillard, Critikat


 

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