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Le Miracle du Saint Inconnu

de Alaa Eddine Aljem



Maroc-France-Qatar, 2019, 1h40
avec Younes Bouab, Salah Bensalah, Bouchaib Essamak

Le Miracle du Saint-Inconnu
Le Miracle du Saint-Inconnu
Au beau milieu du désert, Amine court. Sa fortune à la main, la police aux trousses, il enterre son butin dans une tombe bricolée à la va-vite. Lorsqu'il revient dix ans plus tard, l'aride colline est devenue un lieu de culte où les pèlerins se pressent pour adorer celui qui y serait enterré : le Saint Inconnu. Obligé de s'installer au village, Amine va devoir composer avec les habitants sans perdre de vue sa mission première : récupérer son argent.
 
La fable commence bien, comme si elle allait quelque part, précise et absurde, pleine des promesses d’une signification incertaine sinon douteuse. Et si elle va quelque part, c’est par cent chemins plus détournés les uns que les autres, chaque épisode du voisinage ajoutant un nouveau contretemps à la frustration du voleur comme à la perplexité du spectateur-exégète. Cette indécision est le principal intérêt du film, qui joue sur une déception constante, dont il annonce de toute façon la couleur en basant toute sa mystique de proximité sur un malentendu. Le ton est net, dessinant quelque chose qui rappelle un peu les corps balançant sur fond de ciel qu’on aime chez Alain Guiraudie, et qui contraste avec le flou de la quête générale de croyance et de cash. Notons (généralisation hâtive après rapprochement avec le récent Mimosas d’Oliver Laxe) qu’au cinéma en tout cas, les miracles marocains sont plus marrants que les miracles chrétiens auxquels maints chefs-d’œuvre européens nous ont habitués, et s’ils sont complètement bidons, cela n’empêche pourtant pas d’y croire, le burlesque étant depuis un certain temps notre seule religion à tous.

Luc Chessel, Libération



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