Loups tendres et loufoques

Collectif



France, Belgique - 2017/2018 - 53 min • 6 films
À partir de 3 ans

Loups tendres et loufoques
Un loup qui se croit le plus beau, un louveteau qui veut chasser tout seul, un petit loup qui aime la compagnie, cinq louveteaux taquins... Animé par une chouette qui s’y connaît en cinéma, ce programme de courts-métrages revisite le personnage du loup que l’on trouve dans les contes, avec humour et poésie en lui rendant sa place dans la nature.

C’est moi le plus fort de Anaïs Sorrentino et Arnaud Demuynck (France, 2018, 6 min)
Le loup a bien mangé. Rassasié,il part se promener dans la forêt,histoire de se faire confirmer par tout le monde que c’est bien LUIle plus fort ! Jusqu’à ce qu’il rencontre un petit crapaud de rien du tout...

C’est moi le plus beau de Anaïs Sorrentino et Arnaud Demuynck (France, 2018, 6 min)
Un beau matin, l’incorrigible loup se lève de très bonne humeur. Il se fait beau, et part faire un tour pour que tout le monde puisse l’admirer, et affirmer que c’est bien LUI le plus beau ! Sa dé-convenue va prendre un tour... cuisant !

Trop petit loup d’Arnaud Demuynck (France, 2017, 9 min)
Un louveteau aussi fanfaron qu’attendrissant décide un beau jour qu’il est assez grand pour chasser tout seul. Il part à la recherche de ses premières proies, un peu trop grosses pour lui... ou plus malignes...

Le Retour du grand méchant loup de Pascale Hecquet (France, 2019, 12 min)
Le Grand Méchant Loup est de retour, et a bien l’intention de reprendre ses bonnes habitudes ! Il déchante lorsqu’il croise le Petit Chaperon rouge en route vers la maison de sa Mère-Grand, avec un plateau de petits choux. “Les temps changent”, lui lance la fillette. C’est en effet ce qu’il découvrira en rencontrant Mère-Grand et le garde-chasse...

Grand loup et petit loup de Rémi Durin (France, 2018, 14 min)
Grand Loup vit seul et bienheureux au pied de son arbre quand il voit surgir un beau matin un Petit Loup biendécidé à lui tenir compagnie. Mais Grand Loup n’a que faire de compagnie. Il tient à son calme et à ses petites habitudes. Enfin, c’est ce qu’il croit...

Promenons-nous d’Hugo Frassetto et Arnaud Demuynck (France, 2017, 5 min)
Dans les bois, cinq louveteaux jouentet taquinent Papa Loup qui se prépareà sortir pour les “croquer” !Un amusement musical qui revisite la célèbre comptine traditionnelle.
 

Composé de six courts-métrages d'animation, Loups tendres et loufoques est un programme avant tout destiné au très jeune public. Un nom revient sans cesse au générique de ces films, celui d'Arnaud Demuynck. Scénariste et producteur, il a fondé au milieu des années 1990 deux structures, l'une à Lille (Les Films du Nord), l'autre à Bruxelles (La Boîte...Productions). Après plusieurs incursions dans la fiction et le documentaire, Demuynck décide au début des années 2000 de se consacrer uniquement au cinéma d'animation, adaptant en majorité des livres d'illustration jeunesse. C'est dans cette optique qu'il lance en 2016 un programme de courts-métrages intitulé La Chouette, entre veille et sommeil qui met en scène la « Chouette du cinéma », un oiseau animé qui sert de fil rouge entre les courts-métrages, qu'elle présente au spectateur. Le succès de ce premier film permettra aux Films du Nord et à La Boîte...Productions de développer d'autres programmes du même genre, dont Loups tendres et loufoques est le cinquième opus.
 

L'investissement de Demuynck sur Loups tendres, qu'il intervienne comme producteur, scénariste ou réalisateur permet d'assurer à l'ensemble une certaine cohérence, au delà de la thématique commune autour du loup. Cette cohérence se vérifie notamment dans le rapport que ces histoires entretiennent avec la forme du conte de fées. En effet, les films se caractérisent tous par un double mouvement de reprise et de rénovation des codes traditionnellement associés au conte.
 

Les effets de reprise se font d'abord sentir au niveau de la structure dramatique des courts-métrages, qui privilégie les effets de répétitions, typiques du conte de fées, avec des intrigues souvent très simples qui se développent en de multiples variations, comme c'est le cas dans le diptyque C'est moi le plus fort/C'est moi le plus beau ou dans le récit d'apprentissage Trop petit loup. Les références à la forme du conte transparaissent également dans les univers que nous présentent les films, toujours à mi-chemin entre le réalisme et le féerique. Cet équilibre est fort bien illustré par le style visuel employé, qui tend à mettre en avant la dimension graphique de l'animation (traits de dessin apparents, traces de pinceaux pour les couleurs), rappelant sans cesse au spectateur l'artificialité du monde qu'il voit sur l'écran. La notion de reprise se fait enfin plus littérale lorsque les films réutilisent des décors (notamment celui de la forêt) et des personnages (le petit chaperon rouge, les trois petits cochons, les sept nains de Blanche-Neige) directement issues des contes de fées.


Cet hommage rendu au conte subit également un processus de rénovation, que l'on peut particulièrement observer dans le rôle dévolu à la figure du loup. Loin de sa traditionnelle représentation négative, les loups de Loups tendres apparaissent au contraire comme des êtres dissimulant leur fragilité derrière leur mauvaise réputation, cherchant tous plus ou moins volontairement à échapper à leur rôle. Parfois, cette fragilité est mise en évidence par le ton gentiment moqueur des films (Je suis le plus fort, Je suis le plus beau, Trop petit loup). Dans d'autres cas, c'est un processus d'inversion qui permet de rendre le loup plus sympathique. Ainsi, dans Le Retour du grand méchant loup, la rencontre avec le petit chaperon rouge nous montre un loup qui semble dépassé par un univers féerique dont les codes ont changé : le petit chaperon rouge est devenue une petite fille astucieuse, qui mène son prédateur par le bout du nez ; la grand-mère, quant à elle, apparaît comme une hôtesse irréprochable, qui offre du thé à celui qui est censé la dévorer ; le chasseur, enfin, explique au loup que son rôle n'est pas de le tuer mais de le protéger des éleveurs dont il mange les moutons. De même, dans Grand Loup et Petit Loup, nous découvrons un loup solitaire et grincheux qui, ironiquement, finit par souffrir de solitude après sa rencontre avec le sympathique Petit Loup. Enfin, l'inversion constitue la base même de Promenons-nous, dans lequel un groupe de louveteaux chante la célèbre comptine en portant des masques à têtes d'animaux (vache, mouton, cochon, etc.). Lorsque le loup finit par sortir de sa tanière, nous comprenons qu'il s'agit du père des louveteaux, la menace représentée par le loup devenant alors un innocent jeu en famille. Mais, au delà des films eux-mêmes, cette réactualisation de la figure du loup révèle aussi un profond désir de changer le regard du jeune public sur cet animal, dans un monde où il reste toujours une puissante source de peur fantasmée.

Erwan Cadoret, extrait du livret d'accompagnement de la programmation 2019-2020 : Contes et Légendes


Archives Départementales de Loire-Atlantique - Contes et Légendes
Ce film est programmé en partenariat avec les Archives Départementales de Loire-Atlantique autour de leur exposition Contes et Légendes :
> Contes et Légendes : livret d'accompagnement de l'exposition (PDF)
> Contes et Légendes : livret de la programmation cinéma (PDF)


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