Notre pain quotidien

de King Vidor



USA, 1934, 1h14
avec Karen Morley, Tom Keene, John Qualen

Ce film est programmé dans le cadre du cycle des Grands Classiques 2019-2020 :
Images du collectif : survie, lutte et solidarité (livret PDF)

Notre pain quotidien
En 1929, alors que les États-Unis traversent une crise économique historique, John et Mary, dont la situation financière est critique, se voient proposer de reprendre une petite ferme hypothéquée. Ils acceptent mais l'ampleur de la tâche est telle qu'ils décident de s'organiser en coopérative. De tout le pays, des victimes de la crise affluent. Commence alors une incroyable aventure collective...
 
À part, King Vidor l’est assurément, et à plus d’un titre. Le film Notre pain quotidien (Our Daily Bread), qu’il réalisa en 1934, en est une illustration parfaite. Quand le cinéaste propose le sujet à la MGM, Irving Thalberg, son directeur exécutif, lui oppose un refus très net. Qu’à cela ne tienne ! King Vidor, qui prend la chose très à cœur, hypothèque sa maison et produit le film lui-même. Notre pain quotidien, heureusement, est un demi-succès qui permet au cinéaste de rentrer tout juste dans ses frais. Soixante-dix ans après les faits, le film étonne toujours par l’audace avec laquelle le sujet est traité. Réalisé au moment du New Deal de Roosevelt, Notre pain quotidien raconte l’histoire d’un couple de citadins, qui, poussés par la misère, décident de s’installer dans une ferme. Ne sachant comment faire pousser le moindre grain de maïs, le jeune héros demande l’aide d’un fermier fuyant ses terres, idée qui le pousse à organiser une collectivité de plusieurs dizaines de familles, toutes décidées à échapper à la famine en s’auto-gérant. Collectivité, autogestion… Dans le film, l’idéal révolutionnaire communiste est extrêmement prégnant et il ne s’agit pas à l’évidence que d’une solidarité à la Capra. D’autant que les dialogues ont été écrits par un certain Joseph Mankiewicz, alors bien connu pour ses idées de gauche… Ainsi, King Vidor exprime remarquablement son vœu d’une société qui ne connaîtrait pas de limites à son désir de bonheur dans une séquence finale admirable, où hommes et femmes unissent leurs forces pour creuser un tunnel d’irrigation long de quelques kilomètres. La légèreté pleine d’allégresse de la caméra, emportée dans un tourbillon d’enthousiasme et d’euphorie, participe de l’expression dynamique de cet idéal.

Clément Graminiès, Ophélie Wiel, Critikat


 

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