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Notturno

de Gianfranco Rosi



Italie, 2020, 1h40

Notturno
Notturno
De combien de douleurs, de combien de vies se compose l’existence au Moyen-Orient ? Notturno a été tourné au cours des trois dernières années le long des frontières de l’Irak, du Kurdistan, de la Syrie et du Liban ; tout autour, des signes de violence et de destruction, et au premier plan l’humanité qui se réveille chaque jour d’une nuit qui paraît infinie.
 
Que doit Notturno à Fuocoammare, dont il constitue pour ainsi dire le contrechamp ?
Il en est la conséquence directe. Vers la fin du tournage à Lampedusa, plus particulièrement après avoir filmé les dizaines de morts entassés dans la cale d’un bateau, j’ai songé à inclure dans le film un moment qui évoque ce que fuient les migrants. Pour ce faire, j’ai voulu me rendre en Libye, mais ça n’a pas été possible. Fuocoammare a pris une autre voie, et le montage s’est structuré autour de la scène du bateau. C’est à New York, lors de la campagne des Oscars, que j’ai compris que je devais aller voir d’où venaient tous ces gens et en faire le sujet de mon film suivant. Cela m’est apparu comme une nécessité, et j’ai écrit Notturno en deux semaines.

Fuocoammare se cantonnait dans une île de 20 kilomètres carrés. À l’inverse, Notturno navigue dans un espace immense et dénué de repères.
Fuocoamarre, c’était la métaphore de l’Europe. Pendant les trois années que j’ai passées à Lampedusa, je n’ai pas pu filmer une seule rencontre entre les habitants de l’île et ces gens, laissés seuls face à leur destin comme ils continuent de l’être, qu’ils vivent aujourd’hui en France, en Italie, en Allemagne ou en Angleterre. Fuocoamarre, c’était aussi une sorte de roman de formation, et l’œil paresseux de Samuele [l’enfant insulaire du film, ndlr], une métaphore de notre regard à nous, qui ne savons pas voir.

Lorsque, préparant Notturno, je me suis retrouvé devant l’immense carte du Moyen-Orient, j’ai décidé de suivre le tracé des frontières créées par Daech. Mais, au lieu de considérer ce territoire comme un lieu de division, je l’ai appréhendé comme un lieu d’agrégation. Que le spectateur ne sache jamais si l’on est en Irak, au Liban, au Kurdistan ou en Syrie permettait de suggérer l’idée selon laquelle la souffrance (physique et mentale) endurée par les uns et les autres est commune à l’ensemble de la région. Sur place, je n’ai d’ailleurs pas rencontré des gens qui fuyaient, mais des gens comme figés, sans espoir, pris dans une véritable tragédie.

Entretien avec le réalisateur
Télérama, François Ekchajzer
 



Séances

Cinéma Eden 3, Ancenis
Mardi 26 octobre 2021, 20:30

Cinéma Saint-Paul, Rezé
Dimanche 31 octobre 2021, 17:30

Ce film a été programmé en 2021 dans les cinémas associatifs suivants :
Cinéma Jacques Tati, Saint-Nazaire
Cinéma Pax, Le Pouliguen