France, 1980, 1h50, documentaire
Plogoff, des pierres contre des fusils
Ce film est programmé dans le cadre du cycle des Grands Classiques 2019-2020 :
Images du collectif : survie, lutte et solidarité (livret PDF)
Plongée au cœur de la lutte menée par les habitants d’une petite commune du Finistère début 1980, pendant les six semaines de l’enquête publique pour l’implantation d’une centrale nucléaire à la Pointe du Raz.
Images du collectif : survie, lutte et solidarité (livret PDF)
Plongée au cœur de la lutte menée par les habitants d’une petite commune du Finistère début 1980, pendant les six semaines de l’enquête publique pour l’implantation d’une centrale nucléaire à la Pointe du Raz.
Grain de la pellicule 16 mm, palette des couleurs, ton des commentaires… dès les premières images le documentaire de Nicole Le Garrec nous propose un retour vers la fin des années 1970. Plogoff, devenu un précieux film d’archives – complété par quelques photos de presse et des enregistrements audio – s’attache à suivre en pleine action une lutte devenue quasi mythique. La résistance durera six années, de 1976 avec les premières barricades pour s’opposer aux sondages d’EDF à l’abandon du projet en juin 1981. Le film sort à l’automne 1980 alors que la lutte n’est pas encore achevée. Déjà bien connu des réseaux militants, Plogoff, le film, rencontrera sans nul doute un nouveau public, grâce sa restauration à partir du négatif original et présenté à cette occasion au Festival de Cannes 2019 dans la section dédiée aux films de patrimoine, Cannes Classics.
Avec son mari Félix Le Garrec à l’image, la réalisatrice révèle l’inébranlable détermination des hommes et des femmes de tous âges à se battre contre la menace que représente le projet de centrale nucléaire. L’imposant site de la côte découpée et sauvage célébré par une série de plans aériens, situe d’emblée le décor dans une atmosphère de bout du monde. Plus tard, comme un écho à ces premières images, une habitante engagera ses concitoyens à rendre le bourg inaccessible aux forces de l’ordre : "Que Plogoff devienne une île !" Car c’est sous l’angle de l’occupation que cette lutte est vécue et relatée. Plusieurs plans panoramiques situent dans un même espace les habitants et les gendarmes se faisant face, les derniers empêchés de pénétrer le territoire de la commune défendu par les premiers. Confrontée à l’adversité, la collectivité des Plogoffistes devient, au fil de la lutte, une communauté au sein de laquelle s’exprime en actes et en paroles un fort sentiment de cohésion et de solidarité. Mais pour gagner, le soutien du plus grand nombre est indispensable et, tout comme ils accueillent les solidarités venues d’ailleurs, les hommes et les femmes de Plogoff s’engageront auprès d’autres luttes. Tout au long de son documentaire, Nicole Le Garrec illustre l’ouverture de ces habitants du bout du monde à d’autres horizons. Incontestablement, leurs convictions anti-nucléaires sont profondes et dépassent très vite le Cap Sizun comme le démontrent le slogan "ni ici ni ailleurs" repris sur les banderoles, ou encore cette scène où fleurissent peu à peu sur la vitrine d’un café des affiches en solidarité aux batailles menées au Larzac et à la Hague.
Une voix-off rare préfère laisser la parole aux protagonistes eux-mêmes, qui livrent leurs commentaires et analyses appuyés par des images saisissantes de la violence déployée par l’État. Ces déclarations enregistrées lors des rassemblements, tout comme les interviews menées dans des moments plus sereins, attestent d’une volonté d’unité où jamais quiconque ne porte de jugement sur les actions des autres. Par la récurrence de leurs témoignages individuels ou collectifs, la réalisatrice révèle aussi le rôle essentiel joué par les femmes. À l’évidence, leur engagement constant et inventif a représenté un véritable ciment pour la résistance. Est-ce parce ce que nombre d’entre elles sont femmes de marins qu’elles n’hésitent pas à prendre des décisions et à les assumer ? Quoi qu’il en soit les images viennent confirmer leurs paroles et on les retrouve dans des plans répétés, menant une guerre des nerfs avec les gendarmes ou en première ligne des barricades.
Si l’essentiel des images est réalisé à Plogoff, par une équipe réduite de trois personnes (les Le Garrec et Jacques Bernard au son), le tournage s’attachant à l’actualité de la lutte se déplace à Quimper pour le procès des manifestants raflés le 29 février 1980. Souvent au cœur des affrontements, au plus près des manifestants, les plans de manifestations (particulièrement la dernière) évoquent un film de guerre dévoilant dans le brouillard des lacrymogènes un camp, puis l’autre, dans la continuité sonore des ordres militaires.
"Vingt-huit ans dans la Royale. Conduite exemplaire, devenu révolutionnaire à cause d’EDF et de ces messieurs" lance un homme au commissaire enquêteur, le doigt pointé vers les gendarmes. Reste ainsi le mystère de cet engagement massif d’une population pour s’opposer à la centrale et refuser le discours de l’État alors que bon nombre d’habitants sont d’anciens militaires. La réalisatrice, saisissant bien ce qu’il y a d’improbable dans cette unité, formule à plusieurs reprises cette question à laquelle personne n’apportera de réponse…
Extrait du livret d"accompagnement 2019/2020 (Céline Soulodre, Guy Fillion)
Séances
Ce film a été programmé en 2020 dans les cinémas associatifs suivants :
• Cinéma Atlantic, La Turballe
• Le Cinématographe, Nantes
• Cinéma Lutétia, Saint-Herblain
• Cinéma Le Beaulieu, Bouguenais
• Cinéma Le Gén'éric, Héric
• Cinéma Le Hublot, Le Croisic
• Cinéma Jacques Demy, Divatte-sur-Loire
• Cinéma Eden 3, Ancenis
• Cinéma Atlantic, La Turballe
• Le Cinématographe, Nantes
• Cinéma Lutétia, Saint-Herblain
• Cinéma Le Beaulieu, Bouguenais
• Cinéma Le Gén'éric, Héric
• Cinéma Le Hublot, Le Croisic
• Cinéma Jacques Demy, Divatte-sur-Loire
• Cinéma Eden 3, Ancenis