Tout sur ma mère

de Pedro Almodóvar



Espagne, 1998, 1h41
avec Cecilia Roth, Marisa Paredes, Penélope Cruz

Tout sur ma mère
Manuela, infirmiere, vit seule avec son fils Esteban, passionné de litterature. Pour l'anniversaire de Manuela, Esteban l'invite au théâtre ou ils vont voir "Un tramway nommé désir". A la sortie, Manuela raconte a son fils qu'elle a interprété cette pièce face a son père dans le role de Kowalsky. C'est la premiere fois qu'Esteban, bouleversé, entend parler de son père. C'est alors qu'il est renversé par une voiture. Folle de douleur, Manuela part à la recherche de l'homme qu'elle a aimé, le pere de son fils.
 
Parfaite synthèse des deux précédents opus de sa nouvelle manière dite "austère" (dixit Pedro lui-même), Tout sur ma mère cumule les qualités de La Fleur de mon secret et celles d'En chair et en os : on retrouve la mélancolie du premier harmonieusement associée au style mouvementé des trajectoires fatales du second. En version féminine.

Le point nodal du film est simplement tragique, sans arrière-pensée : une mère perd son fils dans un accident. Point. Avec ça, les Grecs vous concoctaient des drames déchirés jusqu'au tréfonds et Hollywood du mélo pur beurre pétri de dignité vulgaire. Almodóvar, c'est pas vraiment son truc. Après avoir fait monter la pression jusqu'au point de rupture (les larmes), il embraye très vite sur un deuxième round quasi picaresque : Manuela (Cecilia Roth), la mater dolorosa en question, se réfugie à Barcelone, loin de son malheur, et se met à vivre la vie de bohème parmi les travelos et les théâtreuses. Cette construction étrange est une des beautés du film : un premier acte très bref, purement dramatique ; un deuxième acte très long, truffé de strates et de méandres, et un troisième aussi court où la boucle se referme symétriquement avec une nouvelle maternité, un nouvel enfant, une réconciliation.

Vincent Ostria, Les Inrocks



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