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Zama

de Lucrecia Martel



Argentine-International, 2017, 1h55, VOSTF
avec Daniel Giménez Cacho, Lola Dueñas, Juan Minujin

Festival des 3 Continents (2017)

Zama
Zama
Fin XVIIIème siècle, dans une colonie au cœur de l’Amérique latine. Le juge Zama espère une lettre du vice-Roi qui l’autoriserait enfin à rentrer auprès de sa famille. Il scrute le fleuve, mais rien ne vient... Dix ans après La Femme sans tête, chronique d’une femme bourgeoise en proie au doute de sa propre culpabilité, Lucrecia Martel propose un voyage similaire transposé en pleine période coloniale, le récit étrange d’une lente décomposition sociale, mentale et physique. Accompagner Don Diego de Zama dans son errance moite et morne, c’est accepter de perdre ses repères, s’imprégner des couleurs et des ambiances, frémir, rire et frémir à nouveau à l’évocation du mythique bandit Vicuña Porto, et, enfin, sortir hébété et habité de ce film sensoriel, poétique et mystérieux.
 
[...] le plus grand film vu jusqu’à présent à Venise est Zama, qui marque le retour de la cinéaste argentine Lucrecia Martel après neuf ans de silence (la Femme sans tête, 2008). Le scénario, tiré d’un roman d’Antonio Di Benedetto, est impossible à résumer pour la bonne raison qu’il déroute constamment notre compréhension des faits pour mieux traduire le sentiment de perte ressenti par le protagoniste, Diego de Zama, fonctionnaire égaré dans l’Argentine coloniale du XVIIIe siècle. On s’accroche à ce qui est dit et montré tout en ayant le sentiment croissant que rien ne se raccorde vraiment, que tout le monde est pris d’une légère folie ou hallucination. Ce flottement rappelle la longue première scène qui ouvrait déjà la Ciénaga (2001), où l’ivresse d’un groupe de personnages contaminait la mise en scène et déboussolait la perception du spectateur.

Martel parvient ici à nous faire éprouver par les sens l’état de ces colons décadents, comme soumis à un espace-temps qui les dépasse alors qu’ils s’en croient les maîtres. Puis, dans sa dernière demi-heure, le film bascule totalement dans la démence en même temps que les personnages pénètrent dans un territoire dominé par des Indiens peints en rouge. Nous sommes plongés dans leur espace-temps, ce qui se traduit par un changement soudain de mise en scène, plus sèche, brutale, hachée, et le film devient alors vraiment génial, sidérant. C’est à peu près tout ce qu’on peut dire après une première vision déroutante de ce Zama que nous avons presque le sentiment d’avoir rêvé.

Marcos Uzal, Libération



Séances

Ce film a été programmé en 2019 dans le cinéma associatif suivant :
• Le Cinématographe, Nantes