Zombie

de George A. Romero



Italie-États-Unis, 1978, 1h54, VOSTF
avec Ken Foree, Scott H. Reiniger, David Emge

Zombie
Ce film est programmé dans le cadre du cycle des Grands Classiques 2019-2020 :
Images du collectif : survie, lutte et solidarité (livret PDF)

La panique s’empare de la population américaine alors que les morts se réveillent pour se nourrir des vivants. Une seule solution pour les anéantir, détruire leur cerveau. À Philadelphie, trois hommes et une femme tentent de sauver leur peau en organisant à la hâte leur fuite en hélicoptère.
Si vous êtes tenté par une première expérience d’un film de zombies, n’hésitez pas, celui-ci est pour vous. Si vous êtes adepte du genre, vous le connaissez déjà certainement et vous aurez peut-être le plaisir de le (re)découvrir sur grand écran. Zombie, classique du genre, est un de ces films de série B aux qualités incontestables. Dès l’âge de 20 ans, George Romero se lance dans le cinéma, réalisant quelques publicités et surtout en 1968 le cultissime La Nuit des Morts Vivants, co-écrit avec John Russo. Scénariste habile, il est aussi réalisateur, monteur, producteur et interprète de quelques petits rôles (dans ce film-ci le directeur de la chaîne de TV). Romero, qui manie la caméra avec intelligence et humour, ne manque jamais d’égratigner les valeurs consuméristes de l’Amérique des années 1970.

Dario Argento, inconditionnel de La Nuit des Morts Vivants permet à la production de boucler le budget. Il négocie en échange les droits d’exploitation en Europe et la possibilité de reprendre le montage pour ruser avec la censure selon les pays. Le film connaîtra donc un nombre impressionnant de versions, accompagnées de bandes son différentes. Aux partitions libres de droits sélectionnées par Romero, Argento préfère un groupe de rock italien, Goblin, qui a déjà composé pour deux de ses films (Les Frissons de l’angoisse et Suspiria). La version restaurée présentée aujourd’hui est donc celle dont le montage et la bande son ont été supervisés par Dario Argento. Dans la séquence d’ouverture, qui dure plus de six minutes, le contexte sinistre est brossé sur une musique omniprésente et oppressante. L’exposition se déroule dans un studio de télévision, lors d’un direct où invités, journalistes et techniciens sont dépassés par les événements. Le synthétiseur parfois dissonant accompagné de percussions est mixé au même niveau sonore que les invectives et les dialogues véhéments, créant un brouhaha et relatant la tension qui s’est emparée des personnages. Dans une situation de crise maximale, la télévision est elle aussi dépassée et devient vite inutile. Le directeur de programme va jusqu’à exiger que des informations devenues obsolètes soient diffusées pour ne pas perdre d’audience.

Très vite la fuite des quatre héros semble désespérée puisque c’est à l’échelle de la planète entière que des zombies s’attaquent aux vivants. Guidés par leur instinct de survie ils resteront pourtant solidaires et attentifs les uns aux autres, se protégeant mutuellement. Le plus secourable est Peter (Ken Foree), un policier noir des forces spéciales rencontré par hasard et dont les trois autres ne savent rien. À deux reprises il prendra des risques pour ne pas abandonner ses camarades peu prudents. Car comme se plaisait à le rappeler Romero lui-même, il n’est pas obsédé par les zombies ou ce que serait leur psychologie. Il se sert simplement de ces créatures pour écrire des histoires sur les gens. Et observé sous cet angle, il est évident dans ce film, comme dans le précédent, que la critique du racisme et des armes à feu est récurrente. On pense à cette scène édifiante qui ressemble à une fête de village sur fond de musique country mais est en fait une battue aux zombies, et les cervelles volent bas… La détonante Francine (Gaylen Fross) est aussi à contre-courant de nombreux personnages féminins de cinéma, s’agaçant d’être exclue des prises de décision elle exige d’y participer et d’apprendre à piloter l’hélicoptère. Elle ne remporte le morceau auprès de ses mâles compagnons qu’avec le soutien de Peter, soulignant le bon sens de son propos.

Le cinéaste a construit son scénario à partir du lieu central de l’action : le centre commercial Monroeville Mall, qu’un ami lui avait fait visiter. Pour ne pas perturber le commerce pendant le tournage, les scènes étaient filmées la nuit entre 23 heures et 7 heures. Pour fuir la menace des zombies, les personnages principaux ont la brillante idée de se réfugier dans ce temple de la consommation où ils ne manqueront de rien : nourriture, médicaments, vêtements… et armes – second Amendement à la Constitution américaine oblige. Les scènes alternent tension et humour car vraiment Romero redouble d’imagination pour créer des scènes cocasses et grinçantes. Si les séquences de tueries des zombies, qu’il faut éliminer par la tête ne l’oublions pas, évoquent les jeux vidéos contemporains c’est que nombre d’entre eux s’en sont inspirés.

Quand on sait que dans ses derniers films, le réalisateur s’est aussi penché sur l’Amérique post 11 septembre (Le Territoire des morts, 2005) ou la société ultra connectée (Chronique des morts vivants, 2008), on comprend qu’en effet pour lui "il n’y a aucune raison de réaliser un film fantastique sauf à en faire une métaphore".

Extrait du livret d"accompagnement 2019/2020 (Céline Soulodre, Guy Fillion)



Séances

Ce film a été programmé en 2019 et 2020 dans les cinémas associatifs suivants :
• NANTES • Cinéma Bonne Garde
• LA MONTAGNE • Cinéma Le Montagnard